Au mois de mars, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, nous avons débuté notre recherche de l’étudiante UNiDAYS de l’année. Nous avons été submergés sous un flux de nominations issu d’étudiantes investies dans des domaines aussi divers que la technologie, l’entrepreneuriat, l’égalité entre les genres et les projets humanitaires. Notre jury a dû faire un choix difficile, mais nous sommes aujourd’hui heureux de te présenter notre grande gagnante, Deborah Bafuanga.

Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur toi, et ce qui t'as encouragé à être nominée pour Le Prix de l'étudiante de l'année ?

Je m’appelle Déborah BAFUANGA, j’ai 20 ans, j’habite en Seine-Saint-Denis. Je suis actuellement étudiante en 2ème année de droit à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et aussi animatrice en école primaires, maternelles, en maison de quartier avec les adolescents.

Je suis d’origine congolaise et je vis, et ai toujours vécu, avec ma mère et mes quatre frères et sœurs. Ma sœur m’a nominée pour ce concours, je n’aurais pas osé le faire seule.

C’est un très beau concours. Il montre au combien des étudiantes parfois effacées, peu considérées par manque de visibilité, s’avèrent être des personnes fortes, qui agissent au quotidien selon leur moyens et leur temps. Ce concours met en lumière non pas seulement la gagnante mais en réalité tous les étudiants engagés, en leur donnant de l’importance et en les valorisant pour leurs engagements, leurs actes, leurs valeurs et leurs convictions.

Participer, et pourquoi pas gagner ce concours, serait en peu comme un graal que l’on remettrait à l’une de ces « figures de l’ombre » à qui l’on démontre que ces combats en valent la peine. C’est un bel encouragement dont on a besoin.

Pourquoi est-ce si important pour toi de promouvoir l'accès à la culture, en particulier pour les jeunes ?

J’ai grandi avec ma mère, mes frères et mes sœurs. Nous étions donc 6 et nous vivions uniquement des revenus de ma mère. Mes frères, sœurs et moi sommes très rapprochés en âge. Nous n’avons pas pu faire les activités que nous aurions aimées. J’aurais aimé faire de la gymnastique, du théâtre et du violoncelle.

Au collège, on avait une association sportive, et avec mes amis nous avions monté un club de théâtre avec notre professeur de français. J’avais donc eu la chance de faire de la gym et du théâtre pendant une année.

J’ai été privée très tôt de pouvoir faire ce que j’aimais. En grandissant, on fait face à la réalité de la vie et j’ai vite compris que dans les quartiers, les mentalités sont parfois restreintes. Il y a d’importants écarts sociaux. Cela m’a marquée. Je me suis donc très vite décidée à ne pas me résigner, à me dire que les autres avaient le droit d’avoir ce que je n’avais pas eu.

Grâce au fait d’être animatrice et au Passculture, j’ai l’occasion de promouvoir la culture autour de moi. La culture, selon moi, c’est un moyen d’épanouissement personnel et un moyen de se connaitre et de connaitre les autres. Grace à la culture, on se découvre des talents, des passions qui vont créer une auto-valorisation chez les plus jeunes. C’est une forme de développement personnel et d’apprentissage de soi.

Comment t'organises-tu entre ta vie étudiante et tes engagements ?

J’essaie de faire en sorte que mon emploi du temps puissent coller avec mes engagements, mais ce n’est pas toujours possible.

J’ai des amis formidables qui me soutiennent et me permettent de rattraper mes retards lorsque je priorise mes engagements. Je jongle au mieux, mais généralement, j’arrive à trouver un equilibre. J’ai beaucoup d’indépendance dans mes actions, ce qui me permet de gérer les actions et mon temps comme je l’entends. Lorsque je dois faire un choix, je vais souvent choisir mes engagements, car mon entourage et mon rythme me le permet.

Qu'est ce qui t'aide à rester motivée ?

J’aime énormément ce que je fais et je pense avoir trouver ma place là où je suis.

Ce que je fais ce n’est pas une charge pour moi, bien au contraire, cela me permet d’être très épanouie. Le contact avec les autres, le fait de véhiculer des messages, de défendre sont des traits de ma personnalité.

Les retours des jeunes et des enfants, un sourire, leur progression, le fait de savoir que j’ai participé à leur épanouissement, un remerciement est c’est ce qui m’aide à rester motivée. C’est tout simplement ce qu’il y a de plus beau et qui n’a pas de prix.

Enfin, c’est aussi grâce à mon entourage, ma famille et mes amis, qui me soutiennent et m’encourage et que je remercie infiniment.

Quel conseil donnerais-tu à d'autres étudiantes qui veulent aussi s'engager et avoir un impact ?

On ne doit pas hésiter à s’engager pour ce que l’on aime. On le fait par conviction. Ce sont des expériences incroyables, qui vous marqueront, vous forgeront mais qui seront surtout le reflet de qui vous êtes.

Prendre des engagements c’est bien, mais il faut pouvoir s’y tenir. Trouver le bon moment, chercher l’environnement où vous souhaitez le faire. Ne pas confondre vitesse et précipitation.

Je pense qu’il faut retenir que l’on fait cela pour les autres mais il faut aussi prendre soin de soi, et ne surtout pas s’oublier !